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Hubert de MONBRISON (1891-1981)
Rédigé par D.R.E.B. à BOUDOU et publié depuis
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Histoire
Raymonde Sauviac*, née en 1914 à Gensac (33), ancienne gouvernante, habitait rue Judaïque, près du cimetière protestant de Bordeaux.
Elle joua un rôle décisif dans le sauvetage de quatre réfugiées juives, des proches de la famille de Monbrison, et d’un enfant, ainsi qu'une quarantaine d'enfants juifs Allemands qui avaient trouvé refuge en 1939 au collège de Quincy-sous-Sénart.
Sa maison a servie de boite aux lettres pour la résistance pendant toute la durée de la guerre.
Le comte Hubert de Monbrison était né en 1892 à Saint-Avertin (Indre-et-Loire) dans une famille franco-irlandaise protestante.
Après ses études, il part comme bûcheron puis gardien de troupeaux dans un ranch du Névada (USA).
En 1914, il revient s'engager en France et finit la guerre avec différentes récompenses militaires.
Après ce conflit, il soutien les objecteurs de conscience, adhère au Christianisme sociale et côtoie le pasteur Henri Roser* et André Philip*.
Le 3 juillet 1939 le comte comte Hubert de Monbrison, Secrétaire général du Secours aux enfants de réfugiés politiques, met à la disposition de l'OSE pour un groupe de quarante garçons venus de Berlin, le château de Quincy-sous-Sénart qui abritait déjà quelques jeunes filles russes émigrées en 1917 et des jeunes réfugiées espagnoles.
Après la débâcle, l’OSE prend en charge ces petits réfugiés, transférés en zone libre.
Hubert de Monbrison, héritier d'un grand nom huguenot du Midi de la France, était également propriétaire de la villa à Guilharria au Pyla-sur-Mer, sur la commune de La Teste-de-Buch.
A la villa depuis les vacances de Pâques, Hubert de Monbrison, ses fils Arnaud et Gilles de Monbrison issus d'un premier mariage avec Marguerite Adele née Léonino, sa seconde épouse Renée née Cahen d’Anvers, juive émigrée de Russie, et leurs enfants, Jean, Françoise, Manon et Christian, y accueillirent de nombreux amis arrivés de Paris, de Hollande et de Belgique en septembre 1939.
Yvonne de Rothschild, la soeur de Renée de Monbrison, épouse d'Anthony Gustav de Rothschild (1887-1961), directeur de la Banque anglaise à Londres, était venue passer les vacances de Pâques à la villa avant de décider de rentrer à Londres avec sa fille aînée Renée de Rothschild, laissant à sa soeur Renée ses deux plus jeunes enfants Anna et le jeune Evelyn de Rothschild né en 1931.
Dès que la situation s'est aggravée, Arnaud de Monbrison, le fils de Renée et Hubert de Monbrison les emmène en voiture avec leur gouvernante jusqu'à Bayonne où ils embarquent pour Londres.
Les plus jeunes des enfants sont scolarisés au Mouleau, l'ainée au lycée d'Arcachon et les deux autres à l'école communale d'Arcachon.
Au printemps 1940, Renée de Monbrison part passer quelques semaines à Biarritz. Le 18 juin 1940, elle est à Hossegor et entend le discours du général de Gaulle.
Elle rentre précipitamment à Guilharria, mettre à l'abri son fils Arnaud et ses jeunes amis, Manuel Natanson et Alain. Elle obtient trois laisser-passer pour leur permettre de se rendre à Bayonne pour rejoindre Londres.
Arnaud de Monbrison et son ami Manuel parviennent à s'embarquer pour le Maroc, sur le croiseur où se trouvaient Daladier et es membres du gouvernement décidés de former un gouvernement en exil.
En 1941, Renée rentre à Bordeaux avec sa tante Louise Warshawsky, russe, juive, arrivée avec ses parents et la fidèle Natasha en France en 1920 et un ami, Allatini, juif italien marié à une française.
En juillet 1941, Louise Warshawsky est arrêtée à la villa et internée au Camp de Beau-Désert à Mérignac. Alors qu'elle est âgée et malade, elle est transférée au camp de La Lande-des-Monts près de Tours. Renée parvient à la faire sortir et lui trouve un logement dans une petite pension de famille située à Saint-Symphorien grâce à la complicité de M. Moraze et de sa soeur, employée à la préfecture.
Gilles de Monbrison, le fils de Renée et Hubert de Monbrison, grand sportif, s'était engagé dans l'aviation à Dax, épouse sa fiancée juive Simone née Jasselman, pour lui donner son nom et la protéger de l'occupant. Ils étaient installés à Montpellier où Gilles poursuit ses études, tandis qu'ils attendent Marc, le premier de leurs trois fils.
Durant les grandes vacances 1942, la famille part au domaine familial de Saint-Roch (Tarn-et-Garonne), situé en zone libre.
Renée de Monbrison organise la rentrée des classes en zone libre. Grâce à des amis, les deux garçons, Christian et Jean, sont inscrits au Collège Cévenol du Chambon-sur-Lignon et logés aux Ombrages, chez Antoinette* et Léon Eyraud* et leur fille, et les filles, Françoise et Manon, au Lycée de Pau où se trouvaient des amis chez qui elles logeraient.
Durant la période d’août 1942 à octobre 1943, Raymonde Sauviac* cache à son domicile successivement, une tante de Renée de Monbrison, Louise Warshawsky, son amie Katia Berline (qui avait quitté Saint-Petersbourg en traîneau en janvier 1918, accompagnée des siens. Elle avait traversé le golf de Finlande avant d'arriver en France), et la mère de Renée, Sonia Cahen d’Anvers.
Quelques jours après leur arrivée, Raymonde* convoie chacune de ces femmes de l’autre côté de la ligne de démarcation à Hagetmau. Ces passages sont extrêmement périlleux, y compris pour Raymonde*, d’autant que le très fort accent russe des trois dames réfugiées trahit leur origine.
Le 23 septembre 1942, elle accompagne Jean de Monbrison, le cadet des enfants du couple de Monbrison à Langon où il passe la ligne de démarcation.
Jean est confié au Pasteur Poivre à la pension Sagne et Christian est envoyé à Tante Soli chez M. Seiche, un réfugié juif.
Les deux enfants assistent au départ des enfants juifs de la rafle des Roches et à l'arrestation des pasteurs Édouard Theis*, André Trocmé* et de Roger Darcissac*.
Un peu avant la fin de l'année scolaire, Renée de Monbrison repart à Saint-Roch avec Manon et Jean, tandis que Christian et Françoise sont envoyés à un camp de scouts et de louveteaux.
Les vacances terminées, Françoise est envoyée au lycée de Moissac et loge chez Mme Giraud, la mère de son amie Dédée
Ils vont rester à l'Hôtel La Belle Etoile à La Roque-Gageac (24) jusqu'à la Libération.
Sonia Cahen d’Anvers. écrit dans ses Mémoires d’une Babouchka : « Le péril où je me trouvais était sans nul doute bien encombrant pour tous ceux qui m’aidaient et j’étais pleine de gratitude pour leur offre si magnanime ».
La famille de Renée de Monbrison a payé un lourd tribu à la guerre. Nombre de proches ont été déportés sans retour :
Les Allatini
Sa cousine Béatrice et son mari Léon Reinach et leurs deux enfants, Fanny et Bertrand
Ernest et Claire Heilbronne
Colette Cahen d'Anvers, marquise Armand de Dampierre, et sa tante Élisabeth Cahen d'Anvers, , ex-comtesse Jean de Forceville puis ex-Mme Alfred Denfert-Rochereau - convertie au catholicisme depuis 50 ans, dénoncées, sont arrêtées à Guigué à Sablé-sur-Sarthe et déportées : la première sauta d'un train en route, ce qui la sauva, la seconde mourut entre Drancy et Auschwitz
Alain, mort en libérant Belfrod avec la 1re armée française
Manuel, mort lors de la libération par la 2e DB du dernier village d'Alsace le 05/02/1945
Dans les années 1950, Hubert de Monbrison s'installe sur un domaine agricole dans le Tarn-et-Garonne où il fonde une des premières coopératives laitières du sud-ouest, Tempé-Lait à Montauban.1